Depuis ses débuts
En retraçant l’utilisation de l’humour dans le graphisme depuis ses débuts ; ils évoquent l’arrivée du sens de l’humour – correspondant à l’humour de nos jours en France – avec le punk dans les années 70. Plus récemment, le désir de finalement ramener de l’authenticité perdue dans la communication naît.
“Nous croyons que si tu peux faire sourire les gens, tu les as.(…) Pendant des décennies, la publicité nous a dit que le produit X est le meilleur, et les gens ont vraiment appris à se méfier de ce genre d’hyperbole. Effectivement, la montée de la méfiance correspond à la nouvelle philosophie des années 90’ “reste-à-la-maison-ai-une-famille” qui ont remplacé les valeurs “fais-plein-d’argent”. Les choses communiquent mieux dans un niveau personnel.” d’après Stephen Doyle, en concluant que la meilleure manière de toucher la cible personnellement est donc l’humour.
Tout est possible !
On peut l’utiliser via la typographie comme la créative campagne publicitaire de noël pour la marque de whisky JandB par Roy Grace ou même la photographie comme le célèbre Jean Paul Goude avec ses campagnes pour ELLE…

Une façon de se rendre accessible
L’humour permet de se rapprocher de la cible. En effet, il rend un visuel plus accessible, plus populaire, en s’installant dans un terrain familier pour tous. Alex Isley* le résume bien, “je ne connais pas de meilleure façon de prendre contact avec une audience”. Comprendre un trait d’humour est toujours valorisant, et la cible sera plus propice à s’intéresser au produit/service/événement… promu.
* fondateur d’Alexander Isley Inc., consultant en design responsable, éducationnel et culturel
Des techniques et approches multiples
La richesse de l’humour se trouve dans ses diverses façons d’exister. Sarcasme, ironie, obscènité, humour noir, mascarade, dérision, absurde…
À noter qu’elles ont toutes un intérêt particulier pour véhiculer une idée précise ; délicat ou difficile, l’humour permet de désinhiber, débloquer, décoincer, décentrer, provoquer, stimuler, séduire et/ou sidérer… En bref, un sourire provoqué est un signe de succès.
La satire par exemple, beaucoup utilisée dans le dessin de presse permet de dénoncer avec un soupçon de légèreté.
Pour la marque de vélo Voltaire (par Rosa Paris), la campagne “encore une publicité qui affiche un corps parfait” reprend la révolte anti-cliché dans la publicité pour insinuer que leur vélo électrique est magnifique. Sa cible, les actifs dynamiques plutôt aisés, correspond clairement à ce trait d’humour.
Le design graphique est un jeu
Pour Paul Rand, figure emblématique du design graphique, même les designs qui se veulent corporate et sérieux on droit à leur touche d’humour sans être ostentatoire
“En tant que designer, Rand était mortellement sérieux au sujet d’être drôle”
Mark Sinclair

Les logos UPS et IBM réalisé par Paul Rand : Une charade avec tant d’esprit et pourtant à l’aspect si humble que son efficacité est monstre.
Une complexe simplicité
C’est d’ailleurs ce que nous fait comprendre le directeur artistique Pablo Rochat. Nous pouvons remarquer dans ses productions que ses idées sont originales et ingénieuses, et les designs finalement assez simples. L’idée est donc son atout principal, rendant tout visuel mémorable.
Campagne pour la collection 2022 “l’année du tigre” de Balenciaga
Dans un monde qui va mal
Pour certains, l’humour permet d’apporter une dimension critique afin de dénoncer et/ou provoquer.
Étienne Delessert affirme qu’il emploie l’humour comme la réaction logique face à la peur et l’anxiété que provoque le flux continu d’informations terribles auxquels nous sommes confrontés. “je me demande si cela vaut le coup de travailler, aimer ou avoir des enfants”.
Partager cette peur qu’il voit comme commune et de la traiter de manière cynique permet, peut-être, de mieux la supporter. Sa vision, bien que dramatique, semble refléter une amertume générale, tel que le ressenti de l’artiste Roland Topor ; “je rigole du tragique, la réalité me donne de l’asthme”.